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ÎLE DE GORÉE

Haut en couleurs

Gorée et ses maisons colorées, Gorée et ses bougainvilliers, Gorée et ses habitants, Gorée et sa maison des esclaves …

Aujourd’hui, l’île de Gorée est un charmant village animé par ses artisans et ses musiciens mais aussi un lieu de commémoration de la traite négrière.

🖊 par Juliette Diallo

C’est notre première sortie hors de Dakar avec Fatou. Nous arrivons à l’embarcadère au sud de la ville et montons dans le bateau qui nous amène à l’île, après un peu d’attente. 20 minutes de trajet. Nous choisissons de nous mettre à l’extérieur, assises vers la pointe du bateau pour profiter du paysage. Les personnes autour de nous nous ont offert un beau spectacle. Entre la petite fille en face de nous qui n’arrêtait pas de bouger partout, à embêter sa sœur et ses parents et à nous faire des grimaces, les deux françaises derrière nous qui commentaient le charisme de M. Macron parce que l’une d’elle s’appelait Brigitte, les touristes qui prenaient des photos à tout va, pas le temps de s’ennuyer. Lorsque le bateau arrive à destination, c’est la bousculade. Tout le monde essaie de sortir en même temps et du coup, ça n’avance pas. On entend même un sénégalais crier : « Eh ! Sortez, là ! Vous voulez aller jusqu’aux États-Unis ou quoi ? ». Très bonne blague historique. Nous rions. En descendant du bateau, nous découvrons des cabanes installées au bord de la côte. Des boutiques à souvenirs.

Nous commençons à avancer dans l’île, malgré les guides qui nous stoppent et demandent de nous accompagner. Un Petit futé d’une main, un Guide du routard de l’autre, nous voilà parées ! Nous sillonnons les petites ruelles colorées jusqu’au Castel. Le Castel est le point le plus haut de l’île. Et le sentier pour y accéder est rempli de petits emplacements d’artisans présentant leurs œuvres. Tout en haut nous arrivons face à une grande place. Sur cette grande place, le mémorial de Gorée. Mais surtout, ce qui nous a attirées, c’est un arbre. Un arbre entouré d’un puits de bitume. Dans ce puits, avec la tête qui dépasse, un rastafari qui chante. Un rastafari dans son élément et en forme dès 10h du matin malgré la bouteille qu’il tient dans sa main droite.

C’est pendant ce divertissement matinal que nous rencontrons Nina. Habitante de l’île, elle tient une petite échoppe non loin de là. Elle nous explique qu’en bas, ce sont les dakaroises qui viennent ouvrir leur boutique, tout près de l’embarcation et qu’en haut, là où nous sommes, ce sont les vrais habitants de l’île. Parfois les touristes ne montent pas jusqu’en haut, et les habitants ont du mal à vendre leur créations. Nous lui promettons de venir voir son petit commerce quand nous redescendrons et continuons notre chemin, vers une place plus petite, avec au centre, deux canons français. Et tout autour de cette place, des artistes et leurs œuvres. Nous nous arrêtons devant les peintures sous verre de Thomas, habitant de l’île qui tient sa boutique dans une petite cabane. Dans cette cabane il nous montre également son studio d’enregistrement ! Il nous met un peu de musique tout en nous expliquant ses peintures et nous décidons de lui en acheter. Nous sommes ses premiers clients, il est content. Au retour nous allons voir Nina et je lui achète des petits accessoires et des bijoux. Nous sommes ses premiers clients. Elle est contente. Nous redescendons par le chemin opposé par lequel nous étions montées et découvrons la mosquée de l’île. Loin des mosquées flamboyantes d’Istanbul, celle-ci se présente comme une petite maison avec une porte bleue en guise d’entrée. La mosquée a une vue imprenable sur l’océan et à l’horizon, Dakar.

Nous déjeunons « Chez tonton », le seul restaurant de l’île qui propose des pastels.

Après manger, nous nous dirigeons vers la maison des esclaves, un lieu qui, pendant la traite négrière,servait de lieu de transit pour les esclaves avant qu’ils ne soient embarqués sur des navires transatlantiques. C’est la version que nous a donné le conservateur. Néanmoins, des historiens assurent que ce lieu n’était qu’un stock de marchandises pendant cette même période. Aujourd’hui, la maison reste un des lieux les plus visités par les touristes et les chefs d’État, et surtout un lieu de commémoration et de mémoire pour cette époque torturée par la folie des hommes. Après cette visite, nous flânons au bord de la plage, à l’opposé du Castel, vers le fort d’Estrées, au pied des pirogues, avant de reprendre le bateau en direction de Dakar. La file d’attente est accompagnée de percussions dont les rythmes nous hissent vers un autre monde.

©2024 by JulietteDiallo

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